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14/11/2012

Parité hommes-femmes dans l'UE…une simple querelle "d'égalité des genres" ?

De quoi s'agit-il ? De la nomination d'un membre du Directoire de la BCE                                                      égalité -H-F.jpg

Ce sont les gouvernements qui désignent les membres du conseil des gouverneurs, organe de décision de la banque centrale. Mais le Parlement européen auditionne les candidats au directoire et émet un avis, consultatif certes, mais significatif. La Commission économique, puis un vote majoritaire au Parlement, se sont opposés à la nomination du Luxembourgeois Yves Mersch à ce  directoire de la BCE, au motif que cette instance dirigeante ne compte que des hommes. Il ne s'agit donc pas de mettre en cause les compétences du candidat qui doit succéder à l'espagnol José Manuel González-Páramo, mais de s'opposer à cette unique présentation d'un candidat masculin et non d'une liste respectant la parité hommes-femmes.

 En choisissant Yves Merrsch et en passant outre à l'avis du Parlement, le directoire serait exclusivement masculin jusqu'en 2018, date de son prochain renouvellement. On aurait donc un aréopage de mâles satisfaits…peu représentatif d'un ensemble de 332 millions d'habitants comptant une majorité de femmes et d'importantes minorités ethniques (source, "Les coulisses de Bruxelles", blog de Jean Quatremer).

Où est le problème ? Il est double

Ø  En refusant de présenter une pluralité de candidats ne respectant pas l'égalité hommes-femmes, le Conseil bafoue une des valeurs de l'UE, proclamée dans  la charte des droits fondamentaux : L'égalité entre les hommes et les femmes doit être assurée dans tous les domaines (art 23)… le champ d'application de cette disposition s'adresse aux institutions et organes de l'Union (art 51). L'an dernier, le conseil européen adoptait un pacte sur "l'égalité des genres" : il est bien mal traduit en actes. Cela ne veut certainement pas dire qu'il faut nommer une femme uniquement parce qu'elle est une femme :il y a suffisamment de compétences féminines pour que ce ne soit pas le cas !

Pourtant, en Mai 2011, Mario Draghi, s'adressant à la Banque d’Italie, remarquait que la faible participation féminine au marché du travail est un facteur crucial de faiblesse du système, et la Commission déclarait, à l'occasion de la semaine européenne des PME que  l’UE a besoin de plus de femmes entrepreneurs pour créer de la croissance et de l’emploi. La commission Economie du Parlement a donc rejeté  cette nomination, sans compter que la politique de maintien d'un taux bas d'inflation prônée par Yves Mersch ne fait pas l'unanimité en son sein. Cette décision est confirmée par le Parlement réuni en plénière : un Parlement qui se considère méprisé puisque M. Van Rompuy ne lui donne aucune réponse et veut passer en force !

Ø  La question devient institutionnelle et politique puisque l'Espagne, un "petit pays du Sud endetté" bloque aussi cette nomination en y apposant son veto et proposant un espagnol, à côté d'un président italien et d'un vice-président portugais, ce qui ne doit pas satisfaire les" grands" Etats créanciers.

 

Plusieurs questions sont donc en suspens jusqu'au prochain conseil : qu'en est-il de la parité hommes-femmes inscrite dans nos textes ? Le Parlement peut-il intervenir dans la nomination d'un membre de la BCE, et donc indirectement sur le choix de sa politique ?

 

Ce sont peut-être des questions institutionnelles qui semblent, à première vue, éloignées des préoccupations des citoyens européens, mais ce sont pourtant des débats qu'il faut ouvrir en transparence si on veut des institutions démocratiques, comme cela est avec raison demandé (exigé ?) par les européens.

 

Viviane Boussier

 

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